Une passerelle vers l’humain (4)

À SERY, on s’est dit que le projet Nous sommes Granby, inauguré en mai dernier sur la passerelle citoyenne du lac Boivin, était un bon prétexte pour s’intéresser aux immigrants mis en lumière à travers les jolis portraits d’Atelier 19 qui ornent cette traversée. Alors on a lancé quelques hameçons, avec la volonté d’en savoir plus sur ces personnes inspirantes. Plusieurs d’entre elles ont répondu à notre invitation, ravies de pouvoir nous partager un lopin de leur histoire. On poursuit cette série estivale avec Celeste Castro Baez.

Contrairement à beaucoup d’immigrants qui débarquent au Québec, cette mère d’un garçon n’est pas passée par la case montréalaise. « Une chance », dit-elle. Arrivée de Cancun au Mexique en 2011, Celeste Castro Baez s’est imprégnée de la campagne québécoise, un environnement qui convient mieux à son tempérament. C’est à Saint-Pie que tout a commencé. Elle passera les 8 premières années de sa nouvelle vie dans cette municipalité d’à peine 6 000 âmes avant de décider d’emménager à Granby.

Quand on lui demande de décrire la ville administrée par Julie Bourdon, cette femme élégante n’a que de bons mots. « Granby est devenue ma maison et je m’y suis fait des amis que je considère un peu comme des frères et sœurs. » Ce qui lui plaît avant tout, c’est son côté familial, mais aussi la tranquillité qu’elle dégage et lui fait oublier la violence qui gangrène son pays d’origine.

LA SURPRISE DU FRANÇAIS

C’est d’ailleurs entre autres pour fuir cette tension qu’elle a décidé d’émigrer. Ça et la situation économique moins favorable qu’au Québec, où elle a découvert de réelles opportunités d’emploi. Ses premiers pas dans la Belle Province l’ont vite confortée dans son choix. « Le Québec est un pays très accueillant, très chaleureux », glisse-t-elle sans mesurer l’emploi du mot « pays » et ce que ce terme très connoté peut représenter pour une partie de la population.

Comme tout nouvel arrivant non francophone, Celeste Castro Baez a dû apprivoiser le français. « Je ne savais même pas qu’au Québec on parlait français », avoue-t-elle un brin gênée. Cette acclimatation à un nouvel idiome n’a pas été une sinécure, même si aujourd’hui elle le maîtrise avec une certaine aisance. Outre le fait qu’elle était mère au foyer et a vécu à la campagne en arrivant au Canada, elle a baigné à Saint-Pie dans un environnement marqué par une forte proportion d’Hispanophones, ce qui lui a permis de ne pas se sentir trop isolée au début mais a aussi été un frein à son apprentissage de la langue de Molière.

L’HIVER ISOLANT

Une fois installée à Granby, elle s’est tournée vers SERY pour prendre des cours de francisation à temps partiel, à raison de trois soirs par semaine. L’apprentissage lui a permis de mieux s’intégrer et de décrocher un emploi comme préposée aux bénéficiaires au Centre Marie-Berthe-Couture.

Si elle devait donner un conseil aux nouveaux arrivants, ce serait celui de ne pas hésiter à solliciter de l’aide, « en se rapprochant notamment des organismes et des ressources qui existent ». Sans oublier le soutien précieux des proches ou des membres d’une même communauté culturelle, qui peut avoir son importance quand le moral se rapproche un peu trop des chaussettes.

Peut-être aussi leur dirait-elle, s’ils viennent d’un pays habitué à la chaleur, de ne pas avoir peur de l’hiver, même si cela peut être un cap difficile à passer. « Pour ma part, c’est ce que j’ai trouvé le plus dur, avec les jours gris et noirs et le fait qu’on a tendance à s’isoler durant cette saison. »

On lui demande, avant de la quitter, ce qui lui manque le plus du Mexique, en dehors de sa famille bien sûr. La réponse est immédiate. « La nourriture! Chez nous, c’est à la fois culturel et émotionnel. »

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