L’intégration au bout des souliers

Ils se prénomment Moïse, Michaël et Logique et ont en commun d’être frères et passionnés de soccer. À peine arrivés à Granby, ils se sont fait remarquer ballon aux pieds, au point d’attirer l’attention d’un entraîneur du Cosmos de Granby, pas malheureux de les avoir recrutés.

Issu d’une famille nombreuse (9 enfants), le trio entretient avec la sphère de cuir un lien solide comme le roc. Comme tant de jeunes sur la planète épris de cette discipline, ils s’imaginent dans la peau de leurs idoles, se prennent à rêver d’un destin doré, portés par des spectateurs qui scanderaient leurs noms. En Afrique, d’où ils sont originaires, le soccer est une seconde religion. Il ne faut en tout cas pas longtemps pour comprendre qu’ils y ont été convertis. Ils le pratiquent avec assiduité depuis leur tendre enfance, espérant devenir un jour, comme leur père avant eux, des joueurs professionnels.

La réalité, quoique plus compliquée et semée d’embûches, n’a pas pour autant éteint les étoiles qu’ils ont dans les yeux. Du haut de leur 19-20 ans, les trois Congolais de Kinshasa affichent une motivation qu’on ne peut pas leur reprocher. Quand on leur demande à quoi ressemble leur rêve, ils courent dans la même direction : devenir pros ! « S’il y a moyen d’aller très loin, si on nous en offre la possibilité… », confient-ils d’une même voix. Et comme tout est permis dans le rêve, ils ne refuseraient pas de porter un jour le maillot du CF Montréal, fer de lance du soccer québécois à l’échelle nord-américaine.

Si le soccer ne devient pas son métier, Michaël se destine à une carrière dans la coiffure.

À L’ATTAQUE !

Mais en attendant, c’est à Granby que ça se passe, dans cette ville où leur passion pour le ballon rond est un facteur d’intégration. Jasmine Gougeon, qui fut un de leur premier contact à SERY, peut en témoigner, sourire au coin des lèvres. « À peine arrivés (en février 2023), la première chose qu’ils m’ont dite est qu’ils voulaient jouer au soccer. »

Dans la cité de la Haute-Yamaska, les aptitudes et l’énergie débordante des frères Pingisi ont tapé dans l’œil d’un entraîneur du Cosmos, Frédéric Parent. « Quand je les ai vus jouer, j’ai tout de suite remarqué qu’ils avaient un grand potentiel. » La réalité du terrain ne l’a pas fait mentir. De l’aveu même du technicien, ils ont grandement contribué aux succès de leur équipe cette année, laquelle évolue en D4. « On a fini champions avec une seule défaite et on a remporté le championnat des séries », ajoute M. Parent. Évoluant à l’attaque, en pointe ou sur les ailes, les trois frangins ne se sont pas privés pour planter quelques banderilles dans les buts adverses.

Si le soccer ne devient pas son métier, Moïse aimerait devenir plombier.

ASSIDUS ET RESPECTUEUX

Depuis qu’il les côtoie, le coach a appris à les connaître un peu. S’il les décrit comme un peu introvertis, il les juge par ailleurs très respectueux et passionnés. « Je pense que ce sont pas mal les seuls à n’avoir manqué aucun entraînement durant la saison. » Comment il voit leur avenir ? S’il se garde d’en faire des stars avant l’heure, il reconnaît une belle marge de progression, assez en tout cas pour les imaginer évoluer à un niveau supérieur durant les prochaines années. « Ils devraient jouer en division 3, et peut-être 2, dès la prochaine saison. Et ils ont le potentiel pour atteindre la division 1. » Autrement dit la perspective d’affronter l’élite des équipes provinciales, et, qui sait, de se faire remarquer.

Si le soccer ne devient pas son métier, Logique aimerait exercer le métier de pharmacien.

FREIN FINANCIER

Mais il y a un hic et il est d’ordre financier. « Le coût d’une saison par joueur est de 500$ pour la division 4, mais elle monte à 1500$ par personne pour la division 1 », souligne Frédéric Parent. Autant dire un frein pour des immigrants qui ont connu les camps de réfugiés et apprennent les rudiments d’une nouvelle vie, avec son lot de sacrifices et d’obstacles, dans un pays qui n’est pas le leur. Même pour pouvoir intégrer l’équipe senior du Cosmos cette année, Logique, Michaël et Moïse ont dû compter sur la générosité de la Fondation Yves-Phaneuf, qui a accepté de leur financer leur saison de soccer.

Condamnés à ronger leur frein faute de moyens suffisants, les trois frères bénéficieront, qui sait, d’autres coups de pouce pour les aider à aller de l’avant et à mettre toutes leurs chances de leurs côtés. D’où l’idée, à travers cet article, de lancer un appel à des dons. Les personnes sensibles à cette histoire et qui souhaiteraient pouvoir les soutenir peuvent contacter Frédéric Parent (Fparent@cegepgranby.qc.ca ) ou Jasmine Gougeon (jasmine.gougeon@sery-granby.org).

À peine arrivés à Granby, les frères Pingisi (ici Moïse et Michaël) ont déjà goûté à la joie des trophées en étant doubles champions avec l’équipe senior du Cosmos, qui évolue en D4.

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