Une journée placée sous le signe des relations interculturelles

La journée de formation suivie récemment par notre équipe, mais aussi quelques-uns de nos partenaires, n’a pas été inutile. Il faut dire que le programme était copieux et d’actualité puisqu’il a été question des relations interculturelles et des stratégies et conditions à mettre en place pour être plus efficace face à notre clientèle immigrante. Et qui de mieux que des formatrices issues de l’immigration et rompues à cet enjeu de société pour en parler le mieux ? Petit retour sur cette journée fort instructive…

Chapeautée par la TCRI (Table de concertation des organismes au service des personnes réfugiées et immigrantes), cette formation avait pour but, pour les employés de SERY, de parfaire leurs connaissances et d’être mieux outillés face aux communautés interculturelles.

La formation, riche en échanges, a été aussi mise à profit pour analyser quelques situations vécues par des intervenantes en immigration au Québec.

Alors que l’immigration apparaît comme un des grands enjeux actuels, toute la question est de savoir ce que la société d’accueil est en mesure de faire ou d’investir pour relever ce défi. Si l’on devait résumer le contenu de la formation suivie par notre équipe, et le contexte dans lequel elle se place, on pourrait reprendre cette citation de l’animateur, humoriste, écrivain et océanographe Boucar Diouf :

L’immigration se fait selon un flux bidirectionnel. Celui qui arrive doit marcher un peu vers ceux qui le reçoivent et ceux qui le reçoivent doivent marcher un peu vers lui. On se retrouve dans un terrain semi neutre, où tout le monde est bien. Senghor appelait ça assimiler sans se faire assimiler.

Boucar Diouf en 2016 sur TV5 Monde (pour voir l’entrevue en intégralité).

LIEN DE CONFIANCE

Trois formatrices s’étaient déplacées pour l’occasion, toutes issues du monde communautaire et bien au courant des obstacles que ce dernier doit surmonter en matière d’immigration. Les animatrices ont aussi en commun d’être d’anciennes immigrantes.

Les trois formatrices (de gauche à droite) : Leila Saiah, Marie-Claire Rufagari et Elham Wheibi. Ces dernières ont notamment mis de l’avant la nécessité d’adapter ses pratiques. « L’immigration est aussi une opportunité pour innover », estime Marie-Claire Rufagari.

Autant Marie-Claire Rufagari qu’Elham Wheibi et Leila Saiah ont insisté sur l’importance de l’approche interculturelle pour dénouer des situations complexes que vivent les familles immigrantes et réfugiées, mais aussi assurer le support et l’aide nécessaire à tous les membres de la famille. L’objectif de la formation était à ce titre très clair :

  • « Sensibiliser le professionnel, l’intervenant auprès des familles immigrantes et réfugiées, à l’importance de bien comprendre la trajectoire migratoire des familles, notamment les changements auxquels elles sont confrontées au quotidien, afin de pouvoir faire une évaluation globale et approfondie de chacune des situations, et tisser et maintenir un lien de confiance sécurisant. »

Faute de préparation adéquate, la communication peut très vite être grippée – ce qui peut donner lieu à des quiproquos ou des incompréhensions – et être au final mal vécue par les deux parties. « Si tu n’es pas préparé, tu te retrouves avec des interventions bloquées et des interactions qui ne se déroulent pas bien. À partir de là, ça devient la faute de l’immigrant alors que les conditions pour interagir avec lui ne sont pas réunies… », renchérit Marie-Claire Rufagari.

Formatrice au Service d’Éducation et d’Intégration Interculturelle de Montréal (SEIIM), Elham Wheibi s’intéresse beaucoup à la construction identitaire, la communication et la médiation interculturelle.

L’AFFAIRE DE TOUS

Si le milieu communautaire est particulièrement concerné par ce type de session, il faut mentionner que d’autres sphères de la société y ont recours. « Quand on parle d’immigration, on parle de responsabilité partagée. Il est primordial de travailler dans une perspective de collaboration et de multidisciplinarité », nous a confié en aparté Marie-Claire Rufagari, une figure incontournable et une experte en matière de relations interculturelles.

On l’aura compris : l’interaction est la pierre angulaire d’une intégration réussie, à condition d’adapter ses pratiques et de quitter sa zone de confort pour aller vers l’autre et le reconnaître dans sa différence, comme l’a fait remarquer Leila Saiah. « La rencontre interculturelle, c’est aussi un combat contre soi-même. Faire un petit pas de côté, des petits compromis, ce n’est pas simple, c’est un travail de longue haleine. L’interculturel, c’est aussi une compétence. »


Un livre qui pourrait être utile aux nouveaux arrivants : Le code Québec, paru aux Éditions de L’Homme.

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