Revoir sa mère après 6 ans de séparation

Une belle histoire, ça vous dit? En voici une qui a connu son épilogue le 23 mars 2023. Ce jour-là, Esther Malunda a accueilli son fils Nicolas Dyck (prononcer Diouc)… qu’elle attendait depuis 6 ans !

Les retrouvailles tant espérées ont eu lieu à l’aéroport de Montréal. Un jour que la maman n’est pas près d’oublier. Le temps d’attente a été si long que cette dernière a eu le temps de devenir citoyenne canadienne.

Lorsque nous l’avons rencontrée dans son appartement à Granby, la famille était au grand complet. Esther est arrivée dans la région en juillet 2017, avec ses 3 filles et le fils de son aînée. Seul manquait à l’appel Nicolas, coincé en Ouganda, où tous avaient trouvé refuge après avoir fui la République démocratique du Congo.

VIES PARALLÈLES

Leur histoire est faite de hauts et de bas, d’incertitudes et de rebondissements. Séparés par la guerre qui sévissait dans leur pays natal, Esther et son fils ont connu des trajectoires parallèles. En Ouganda, où elle a vécu 7 ans, la préposée aux bénéficiaires était la gérante d’un bar-restaurant bien connu des réfugiés congolais. Le jour où Nicolas a fini par la retrouver dans son commerce, après environ une décennie sans la voir, elle s’apprêtait à immigrer au Québec, son visa déjà en poche. « Moi je n’avais aucun document. Elle a dû partir sans moi. Elle m’a déclaré aussitôt arrivée au Canada », raconte celui qui projette de faire des études dans la logistique de transport.

En Afrique, le jeune homme de 24 printemps enchaînait les petits travaux pour pouvoir subvenir à ses besoins. Malgré la distance, il est resté en contact avec celle qui l’a mis au monde. « On s’appelait régulièrement. Elle m’envoyait aussi de l’argent. »

UN CHEMIN DE CROIX

Ce dossier, Isabelle Meunier le connaît dans le moindre détail. La coordonnatrice du service Accueil et établissement à SERY a accompagné physiquement et moralement Esther dans ses démarches. De son propre aveu, c’est un des cas les plus longs qu’elle a eu à gérer. Six ans pour régler cette histoire.

On a tendance à ne voir que la partie facile de l’immigration. Mais il y a aussi des défis, de véritables chemins de croix.

La maman de Nicolas ne dira pas le contraire. L’attente était devenue insupportable, le désespoir s’insinuant dans sa tête comme de la mauvaise herbe. Elle repense à ces nuits chahutées par le stress. Ce stress qui la rongeait notamment quand son fils tombait malade, seul chez lui et si loin du Québec où elle avait trouvé refuge et démarré une nouvelle vie.

Nicolas entouré de deux de ses trois sœurs, qu’il n’avait pas vues depuis de nombreuses années.

DÉLIVRANCE

Pour faire venir Nicolas au Canada, il a fallu passer par le programme Délai prescrit d’un an, communément appelée Fenêtre d’une année. Pour faire simple : il donne l’opportunité aux réfugiés pris en charge par l’État (RPCE) de rapatrier des membres de leur famille proche (enfants et conjoints). « La personne a un an pour retrouver et signaler la présence d’un proche », explique Isabelle. A partir de là, un autre processus s’enclenche. Le dossier enregistré au Québec est envoyé à Immigration Canada.

Dans le cas qui nous intéresse, les choses ont duré et le temps s’est alangui. Longues et laborieuses, les démarches ont nécessité l’intervention de la députée fédérale Andréanne Larouche et d’un avocat pour tenter de débloquer la situation. La crise de la COVID n’a évidemment rien arrangé.

Quand le nœud de cette longue histoire a été défait, la vérité a eu du mal à s’imposer dans les esprits, à commencer par celui de Nicolas. « J’étais à la salle de sport quand on m’a annoncé la bonne nouvelle, je n’y croyais pas. » A ses côtés, Esther acquiesce, le sourire aux lèvres : « J’ai dû lui envoyer une photo de son visa pour qu’il réalise que c’était vrai. » Outre SERY, son fils a pu compter sur le soutien de l’OIM (Organisation internationale de la migration), qui s’occupe du transport des réfugiés en leur payant notamment le billet d’avion (qu’ils doivent par la suite rembourser).

LE CHOC DES RETROUVAILLES

A l’aéroport de Montréal, les retrouvailles – on s’en doute – ont été chargées en émotion. Les sœurs de Nicolas ont fondu en larmes tandis que ce dernier était embourbé dans la confusion.

J’étais perturbé, tout était nouveau pour moi. Je ne savais pas qui embrasser en premier.

Depuis son arrivée sur le sol canadien, une fois passé le coup de bambou hivernal, Nicolas s’est acclimaté doucement à son nouvel environnement, bien décidé à y faire son nid. Il a aussi tenu à aller remercier notre collègue Isabelle, conscient du travail qu’elle avait accompli pour le faire venir. Esther ne peut que lui donner raison. « Elle a été un peu comme une maman », dit-elle à propos de celle qu’elle décrit comme une femme de cœur.

Nicolas Dyck a commencé par prendre ses marques. Il envisage de faire des études à Drummondville dans la logistique de transport.

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