Une passerelle vers l’humain (7)

À SERY, on s’est dit que le projet Nous sommes Granby, inauguré en mai dernier sur la passerelle citoyenne du lac Boivin, était un bon prétexte pour s’intéresser aux immigrants mis en lumière à travers les jolis portraits d’Atelier 19 qui ornent cette traversée. Alors on a lancé quelques hameçons, avec la volonté d’en savoir plus sur ces personnes inspirantes. Plusieurs d’entre elles ont répondu à notre invitation, ravies de pouvoir nous partager un lopin de leur histoire. On termine cette petite série estivale avec Brigitte de Souza.

L’ancienne immigrante qui vient en aide aux immigrants. C’est un peu, beaucoup, l’histoire de la native de Reims. Dans la bouche de cette femme volubile, l’autre n’a jamais été une menace mais une façon de s’enrichir. Arrivée au Cégep de Granby dans les années 2010, après avoir roulé sa bosse à Montréal, Ottawa et Boston (où elle a enseigné la langue de Molière, mais aussi le théâtre), cette ancienne institutrice dans le primaire en France a fini par croiser la route de SERY, où elle a donné durant quelques années des cours de francisation, sous l’égide du MIFI (ministère de l’Immigration, de la Francisation et de l’intégration). « J’ai tout de suite aimé ça », confie cette adepte de marche et de méditation.

RÉSILIENCE

Elle y a rencontré Johanne Ouellette, l’ancienne directrice emblématique de notre organisme, qu’elle surnomme affectueusement « maman Johanne », en référence à son sens de l’accueil débordant. Elle y a surtout rencontré des hommes et des femmes gonflés de courage dans leur quête d’un avenir meilleur. A l’évocation des nouveaux arrivants qu’elle a pu croiser, sa voix déroule le tapis rouge du respect. « J’ai travaillé avec des personnes réfugiées qui avaient peu d’éducation pour la plupart mais qui ont fait preuve de beaucoup de résilience. Elles étaient pleines de volonté à vouloir apprendre. Humainement, c’était très enrichissant. »

Arrivée au Québec avec son sac à dos de touriste dans les années 80, Brigitte de Souza se sent en harmonie avec la nature québécoise, mais aussi avec la façon d’être de sa province d’adoption.

Face à ses étudiants, Brigitte de Souza a toujours tenu le même discours, en insistant sur l’ouverture et l’observation pour apprivoiser sa société d’accueil, sans pour autant renier sa culture d’origine. Elle-même a appliqué cette méthode lorsqu’elle s’est installée au Québec dans les années 80, sous le charme des grands espaces et de la mentalité québécoise. Bien que Française, il lui a fallu s’adapter, en apprivoisant notamment les expressions fleurdelisées mais aussi des valeurs qui différaient de sa Gaule natale.

Lorsqu’elle évoque l’immigration, l’enseignante en francisation au Cégep de Granby cite naturellement Boucar Diouf, dont le parcours est autant une source d’inspiration qu’un modèle d’espoir pour les nouveaux arrivants.

« Il a dit que l’intégration, c’était marcher vers les autres. Ce n’est pas juste les immigrants qui doivent faire l’effort de s’intégrer. La culture d’accueil doit aussi faire l’effort d’accueillir… »

QUÉBÉCOISE AVANT TOUT

A titre personnel, Brigitte de Souza se sent profondément Canadienne, et surtout Québécoise. De la terre qui l’a adoptée, elle loue autant l’effervescence de sa culture que sa façon d’être dans les rapports humains, moins pesants et « guindés » qu’en France. Aujourd’hui, très peu de choses lui manquent du pays qui l’a vue grandir, si ce n’est le champagne, dont sa région natale est le fer de lance au niveau hexagonal et mondial.

Il y a longtemps que le Québec est devenue sa maison, à l’image des Cantons-de-l’Est et de Granby en particulier, où elle apprécie autant la nature que la sensation de quiétude et de sécurité qu’on y ressent. « J’y ai trouvé le calme et une ville accueillante », dit-elle. De quoi combler cette femme active qui ne rechigne jamais à se blottir dans les bras de la contemplation, capable par exemple d’observer de longues minutes le jet d’eau du lac Boivin pour se sentir en osmose avec son environnement.


Vous pouvez lire ou redécouvrir les textes de cette série en parcourant notre site. Un grand merci encore aux personnes qui ont accepté de participer à ce projet !

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