Le sujet ne prête pas à sourire, il est même tabou. On ne parle pas facilement du suicide, en particulier quand on se heurte à des idées noires.
Il a beaucoup été question de ce fléau lors de la récente visite du Centre de prévention du suicide Haute-Yamaska Brome-Missisquoi dans nos locaux, plus précisément de Gabrielle Beauregard, responsable clinique depuis 10 ans. La réunion avait pour but de présenter les missions de cet organisme qui fête ses 40 ans cette année, mais aussi de rappeler que personne n’est à l’abri d’un passage à l’acte. L’équipe du CPDS est composée de 5 intervenants qui ne diraient pas non à un peu de renfort.
VERBALISER
Le suicide ne laisse pas indifférent, comme en attestent les nombreux échanges qui ont émaillé notre rassemblement matinal. L’occasion de rappeler l’importance de se confier – quand on est aux prises avec ce mal profond – ou d’alerter les ressources compétentes lorsqu’une personne menace ou envisage de mettre fin à ses jours. La parole reste en effet un des meilleurs remparts pour inverser une spirale infernale. Mme Beauregard a d’ailleurs insisté sur l’importance de verbaliser. « La meilleure façon de savoir si quelqu’un pense au suicide, c’est de lui poser la question. »
Le soutien apporté par le Centre de prévention du suicide Haute-Yamaska Brome-Missisquoi ne se limite pas aux appels qui passent par ses 13 lignes téléphoniques. Des rencontres individuelles peuvent aussi, par exemple, être mises en place avec des personnes suicidaires pour désamorcer une situation inquiétante. Des services sont en outre offerts aux proches des personnes suicidaires ainsi qu’aux personnes endeuillées par un suicide. Le milieu scolaire est lui aussi concerné par cette aide, sachant que le suicide touche toutes les couches de la population. « On voit des idéations de suicide chez des jeunes de 5-6 ans » a confié Gabrielle Beauregard devant des yeux médusés. Les dégâts causés sur le mental de la jeunesse par la pandémie liée à la Covid-19 ont aussi été évoqués.
LES HOMMES TRÈS EXPOSÉS
Contrairement à une idée reçue, les personnes suicidaires ne font pas souvent le premier pas. « Environ 20% de nos appels proviennent de personnes suicidaires. La moitié provient de gens de la communauté, de proches (des personnes suicidaires) et de partenaires », a fait savoir notre invitée.
Le territoire couvert par le Centre de prévention du suicide Haute-Yamaska Brome-Missisquoi enregistre une trentaine de suicides par an. Les hommes sont les plus enclins à commettre l’irréparable, tandis que la tranche des 45 – 64 ans est particulièrement exposée. De façon plus globale, la clientèle la plus vulnérable est composée des profils suivants : « Des hommes, des personnes aux prises avec des problème de dépendance ou de santé mentale, ou des personnes ayant déjà tenté de mettre fin à leurs jours. » Les moments déclencheurs sont variés : deuil, rupture sentimentale, perte d’un emploi, difficultés financières, etc.
PARTENARIAT ?
La réunion a par ailleurs permis d’aborder le suicide chez les personnes immigrantes, considérant que la perte de repères peut être un facteur de dépression, avec les risques que cet état mental induit. L’occasion pour SERY d’évoquer la possibilité d’offrir des services en interprétariat, sachant que le CPDS peut intervenir en français et en anglais, deux langues que les nouveaux arrivants ne maîtrisent pas toujours lorsqu’ils posent leurs bagages au Québec. Le recours à un interprète pourrait il est vrai se révéler salutaire pour des immigrants au pied du mur mentalement.
Pour plus d’informations sur le Centre de prévention du suicide Haute-Yamaska Brome-Missisquoi : https://cpshybm.ca/
Le numéro (provincial) qui peut sauver des vies : 1 866 APPELLE. Celui du Centre de prévention du suicide Haute-Yamaska Brome Missisquoi : 450 375-4252 (du lundi au vendredi de 8h à 16h).
