Une journée riche en émotion

Les gorges se sont nouées mardi 20 juin, à l’occasion de la journée mondiale des réfugiés. Pour souligner l’évènement, SERY – via le comité socioculturel de la Table de concertation en immigration – avait organisé un lever de drapeau, aux couleurs de l’UNHCR, aux abords de la mairie de Granby.


C’était écrit dans les cœurs. Cette journée ô combien symbolique a brouillé des allocutions et fait tressauter des mots. Geneviève Rheault, qui représentait la mairesse Julie Bourdon, avait le donné le ton, prévenant la petite assistance que ce 20 juin 2023 était « émotif ». La responsable municipale des dossiers de développement social a souligné que chaque parcours lié à l’immigration cachait une histoire, un vécu, avec ses défis et ses souffrances. L’occasion aussi pour elle d’adresser un message de bienvenue – au nom de la Ville de Granby – à la famille de réfugiés qui avait répondu à l’invitation de notre organisme pour témoigner (lire plus bas).

L’émotion est montée d’un cran lorsque Ruth Poitvin a pris la parole. Présente au nom d’Andréanne Larouche, députée fédérale de Shefford, elle a convoqué l’empathie et la solidarité avec une profonde sincérité. La voix étranglée par un soupçon de larmes qu’on devinait tapi en elle, elle s’est servie de son propre vécu pour rappeler l’importance de tendre la main à l’inconnu qui fait parfois peur et qu’on ensevelit sous des tombereaux de clichés. « J’accueille chez moi une famille de trois réfugiés. Ils sont partis d’Haïti il y a 5 ans, ont transité par le Chili, puis le Brésil et la redoutable forêt colombienne, avant d’arriver à Noël (2022) par le chemin Roxham… »

Représentant la mairesse de Granby Julie Bourdon, Geneviève Rheault a adressé des mots de bienvenue aux réfugiés accueillis à Granby. « Je vous souhaite un milieu de vie sécuritaire, accueillant et bienveillant, où vous pourrez vous établir et vous construire une vie à votre image. »

Présent lui aussi à cette petite cérémonie d’hommage, Marc-André Morency, qui représentait François Bonnardel, ministre des Transports et député de Granby, a employé une métaphore pour inviter à la solidarité. « Ils (les immigrants) ne viennent pas par choix mais par nécessité. À nous de leur permettre d’apporter leur petite pierre à la maison québécoise. »

Très émotive durant sa prise de parole, Ruth Potvin (qui représentait la députée fédérale Andréanne Larouche) a évoqué les réfugiés qu’elle a accueillis chez elle en insistant sur la force de l’empathie et de la solidarité.

UN ENJEU HUMAIN

L’émotion s’est aussi exprimé à travers Frey Guevara. Arrivé il y a une vingtaine d’années au Québec en tant que réfugié pris en charge par l’État (RPCE), le directeur général de SERY symbolise comme tant d’autres immigrants la résilience et l’espoir, mais aussi la réussite. Prenant son parcours à témoin, il a tenu à rappeler que « derrière chaque statut migratoire, il y avait un être humain. » Du même souffle, il a mentionné le droit de chacun de choisir où habiter pour pouvoir fonder une famille et s’épanouir économiquement. Il a enfin souligné la contribution des nouveaux arrivants envers leur société d’accueil, notamment sur le plan économique. Le natif de la Colombie a clos son allocution en mettant en exergue quelques statistiques tirées du Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés. La plus évocatrice: « En 2022, ce sont plus de 100 millions de personnes à travers le monde qui avaient besoin d’un refuge, dont 42% étaient des enfants. »

Ancien réfugié pris en charge par l’État, Frey Guevara a rappelé que derrière chaque statut migratoire il y avait un être humain.

VICTIMES DE LA GUERRE

Le mot de la fin est revenu à Guy Gérard Pingisi, arrivé à Granby avec sa famille au début de l’année 2023. Très solennel dans sa posture, ce père, qui était entouré de ses enfants, est une des nombreuses victimes de la guerre. Celle qui sévit dans son pays d’origine lui a enlevé un bras, touché par la balle dévastatrice d’un fusil d’assaut AK-47. Son histoire, partagée avec gravité devant un auditoire aux mines assombris par ce parcours, est venue rappeler avec force pourquoi des gens qui avaient vécu l’enfer espéraient un peu de paradis ailleurs.

L’ancien douanier de la République démocratique du Congo a ponctué son témoignage en remerciant tous ceux qui les avaient aidés et les accompagnaient encore aujourd’hui dans leur reconstruction. Avant d’ajouter qu’ils souhaitaient participer à l’essor du Québec, avec la ferme volonté de rendre la pareille à une province qui leur avait tendu la main.

Tendre la main. Assurément l’expression de cette journée singulière.


Ils en parlent dans les médias locaux :

Entouré de ses enfants, l’ancien douanier Guy Gérard Pingisi a raconté son histoire et les conflits dans son pays qui l’ont contraint de fuir. Marqué dans sa chair, l’homme a perdu un bras à cause de la guerre.
Le lever de drapeau en hommage aux réfugiés a rassemblé des personnalités du monde politique mais aussi, entre autres, les membres du comité socioculturel de la Table de concertation en immigration Granby – Haute Yamaska, à l’origine de cet évènement symbolique. Le ministère de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration était lui aussi présent par l’intermédiaire de Charles-Etienne Olivier.

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