Une passerelle vers l’humain (2)

À SERY, on s’est dit que le projet Nous sommes Granby, inauguré en mai dernier sur la passerelle citoyenne du lac Boivin, était un bon prétexte pour s’intéresser aux immigrants mis en lumière à travers les jolis portraits d’Atelier 19 qui ornent cette traversée. Alors on a lancé quelques hameçons, avec la volonté d’en savoir plus sur ces personnes inspirantes. Plusieurs d’entre elles ont répondu à notre invitation, ravies de pouvoir nous partager un lopin de leur histoire. On poursuit cette série estivale avec Tatianna Castillo.

Le jour de notre rendez-vous, l’auteur de ces lignes a cru que Tatianna était une Espagnole éprise de flamenco. Il faut dire qu’avec ses longs cheveux noirs et son éventail dans une main, qu’elle agitait pour atténuer la touffeur ambiante, la confusion était à portée de regard ! Mais comme les apparences sont parfois trompeuses, les présentations d’usage ont eu tôt fait de corriger ce malentendu. « Je suis née dans le sud de la Colombie, à Cali ».


Pour lire le premier épisode


Arrivée au Québec en 2005, alors qu’elle était encore étudiante, cette mère de trois enfants est devenue une Granbyenne jusqu’au bout de ses ongles bleus, après avoir vécu à Montréal. « J’ai déménagé parce que je voulais que mon plus grand, qui avait alors 11 ans, puisse avoir une vie sociale. À Montréal, je trouve que les gens sont moins accueillants. J’ai su que j’avais réussi lorsqu’il m’a dit Merci maman d’avoir déménagé à Granby. »

« JE ME SENS CHEZ MOI »

Tatianna a apprivoisé cette ville. « Je me sens chez moi et mes enfants se sentent chez eux. J’ai de la famille en Colombie, mais pour rien au monde je ne changerai de vie. J’aime beaucoup la nature, le lac (Boivin) et les pistes cyclables. » La confession tombe comme un couperet. Pour cette esthéticienne pétillante et enjouée de 37 ans, le Québec était aussi un gage de sécurité pour ses proches. « Je suis parti de mon pays à cause de la situation politique instable et les guerres internes. Je voulais un avenir meilleur pour mes enfants. »

Pour le projet Nous sommes Granby, Tatianna Castillo a été référée par Suzanne Lalumière de la Maison des familles (voir vidéo plus bas).

Quand on lui parle d’acclimatation, Tatianna sourit. « Cela n’a jamais été un problème, même l’hiver. La seule chose que j’ai trouvé difficile, c’est de vivre en appartement. En Colombie, je vivais dans une maison. Je trouve ça un peu frustrant. » De sa terre natale, elle a conservé des images et des souvenirs qui refont surface quand l’appétit du manque lui grignote le cœur. Elle cite notamment « les fruits que l’on cueillait directement dans les arbres », les montagnes, ou encore ces rivières où elle adorait se baigner. « Je suis plus une fille de rivière que de plage », confie-t-elle en riant.

INTÉGRATION = PATIENCE

Pour s’intégrer au Québec, il lui a fallu aussi apprivoiser le français, « surtout ses conjugaisons ! » Elle sourit. « Je n’ai pas de problème à l’oral, mais pour l’écrire, c’est plus compliqué. Pour maîtriser cette langue, elle a suivi la voie classique des cours de francisation, qu’elle a suivis à Montréal puis au CRIF (Centre régional intégré de formation) de Granby.

Si elle devait donner un conseil aux futurs nouveaux arrivants, il tiendrait en un mot : patience. « Il faut prendre le temps de s’adapter à sa nouvelle terre d’accueil. C’est comme quand on est invité chez quelqu’un, on le respecte et on s’adapte à ses règles, ses codes. » Et d’ajouter, avec une pointe d’insistance dans la voix : « Mais il ne faut pas non plus oublier son identité, d’où l’on vient. C’est bien aussi de pouvoir partager sa culture d’origine avec les autres. »

Voilà sans doute la recette d’une bonne intégration: recevoir, mais aussi donner en retour.

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