Être interprète à SERY : l’exemple de Kader Omrani

Très précieux pour notre organisme, les interprètes peuvent être confrontés à des situations pas toujours faciles à vivre – ou à encaisser – dans le cadre de leurs missions. Kader Omrani, qui intervient pour les besoins en langue arabe, a accepté de nous partager son vécu.


Né en Algérie, à Oran plus précisément, Kader Omrani est arrivé au Québec avec sa femme en 2005. Comme bien des immigrants, c’est à Montréal que ce père de deux filles a apprivoisé sa nouvelle vie, avant de décider, deux ans plus tard, de faire ses valises pour s’installer à Granby. Rien ne les prédisposait à déménager dans les Cantons-de-l’Est. C’est une annonce pour venir visiter son célèbre zoo qui a fait tout basculer. « On est resté une semaine et on a beaucoup aimé la ville. »

DISPONIBILITÉ

Sur place, Kader et sa femme ont eu vent d’un organisme qui venait en aide aux immigrants. SERY. « Ils nous ont aidés à nous installer. » L’OBNL lui a même trouvé un premier emploi, grâce au partenariat tissé avec Granby Industriel.

À l’aise dans sa nouvelle vie, Kader est désormais concierge à la Maison de la culture de Waterloo. La flexibilité de son emploi lui permet de se consacrer à une mission qui lui tient à coeur au sein de notre organisme : l’interprétariat. Quand des besoins en arabe se font sentir, c’est notamment vers lui que notre agente à la banque d’interprètes se tourne. Depuis quelques années, cet homme d’une grande gentillesse, chantre des bonnes manières, accomplit sa tâche de façon bénévole. Il lui arrive aussi d’être rémunéré.

Arrivé en 2007 à Granby, Kader Omrani apporte son soutien en langue arabe au sein de notre organisme. Le sentiment d’être utile aux autres le pousse à continuer.

En accompagnant des personnes immigrantes dans diverses démarches, il arrive qu’une certaine intimité se crée entre les deux parties, au point où certains clients lui demandent des conseils ou un coup de pouce. Toute la difficultté pour l’interprète consiste à garder une certaine distance avec ceux et celles qu’il aide dans sa langue natale. Par le passé, l’intéressé, qui a déjà été interprète pour Caritas dans une autre vie en Suisse, a déjà vécu des situations embarrassantes. Il repense à cette femme qui lui avait demandé de l’aider à divorcer, provoquant chez lui gêne et incompréhension.

« ON VIT LEURS PROBLÈMES »

Il est arrivé à Kader de vouloir tout arrêter. « C’était devenu trop pesant », lâche-t-il. Il pointe une autre facette, méconnue, de sa fonction. « Sans le vouloir, on encaisse les problèmes des gens qui ont besoin de nous, et certains vivent des situations très compliquées », poursuit-il. C’est un peu comme si l’interprète devenait une éponge, avec parfois des répercusisons sur son moral. Face à la détresse des autres, lequels s’agrippent parfois à leur traducteur comme à une bouée de sauvetage, il n’est pas toujours facile de rester de marbre, la sensibilité fendant l’armure plus vite qu’une épée.

Les interprètes se retrouvent parfois à SERY, comme ici lors d’une réunion visant notamment à revoir le protocole dans le cadre de leur fonction. Lire l’article ici.

Tout n’est pas noir pour autant. Kader a d’ailleurs quelques anecdotes en mémoire qui lui arrachent un sourire. Et même un rire franc en repensant à cet homme qu’il a accompagné un jour avec sa femme chez le médecin. « Il n’y avait que deux chaises dans la pièce. Je leur ai donc proposé à tous les deux de s’asseoir. Mais il a préféré me laisser une des chaises. Lui est allé carrément s’allonger sur la table d’auscultation! »

C’est peut-être ces souvenirs joyeux qui ont poussé Kader à continuer. Ça et plus sûrement ce profond désir de se sentir utile pour des gens souvent confrontés à des impasses, en gardant à l’esprit qu’il fut lui aussi un immigrant.



Bon à savoir : il existe une ligne de soutien pyschologique pour les personnes engagées dans les Coops et OBNL du Québec. Son nom : Léo. Ce service est gratuit et confidentiel / 1-855-768-7LEO

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